Quentin Yang, Ingénieur Recherche et Développement en cryptologie

Quentin Yang, Ingénieur Recherche et Développement en cryptologie

La cryptologie est la clé de voûte de la sécurisation des données informatiques. Face aux nombreux risques de piratage, la formation des professionnels aux techniques et usages du chiffrement est nécessaire pour assurer une sécurisation efficace et pérenne de l’information et des données. Nous avons rencontré Quentin Yang  pour qui la cryptologie n’a plus de secret.

Bonjour Quentin, en quoi consiste votre métier d’Ingénieur recherche et développement en cryptographie ?

Je travaille pour Voxaly, c’est une filière de Docaposte qui est la branche numérique et innovation de la Poste. Et ce que fait Voxaly c’est du vote électronique, donc nous proposons des solutions de vote en ligne pour les entreprises, la fonction publique et certains ministères. Nous avons par exemple permis aux français de l’étranger de pouvoir voter aux dernières élections législatives. Moi je m’occupe de la partie innovation, sécurité et cryptographie, je fais en sorte que cela soit bien sécurisé. Ma principale problématique est de garantir la confidentialité du vote tout en permettant une certaine vérifiabilité, pour s’assurer que personne ne triche en cours de route.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ? 

Ce qui est amusant c’est de relever des challenges, de se frotter aux difficultés de la réalité et de trouver des solutions. Face aux besoins parfois spécifiques de certains clients, il faut s’adapter et trouver rapidement des solutions avec le moins de développement possible tout en préservant la sécurité et en optimisant l’efficacité. En fonction des prises de conscience des enjeux et des dangers, de nouvelles demandes de sécurité apparaissent. Par exemple, pour les prochaines législatives, celles de 2027, une nouvelle demande a été faite au niveau de la légitimité des bulletins des français de l’étranger. Comment garantir que le bulletin dans l’urne électronique vient bien d’un votant éligible et non de l’administrateur du système, du serveur ou d’un acteur malveillant ? Pour y répondre, un nouveau protocole a dû être créé, et là c’est la partie conception, invention et créativité qui intervient, un aspect de mon métier que j’aime beaucoup.

Pourquoi avoir choisi cette voie ? Quel a été votre parcours pour exercer à ce poste ?

J’ai passé un bac S (scientifique), option mathématiques à JB, ensuite j’ai fait une classe prépa pour les grandes écoles au Lycée Corneille. Après trois années de prépa j’ai intégré Polytechnique, c’est une formation très axée sur les mathématiques, si on n’aime pas les maths on ne peut pas se plaire là-bas. Ce qui me plaisait le plus dans les maths c’était l’algèbre, mais il n’y en avait pas beaucoup et seulement à un niveau très élevé et abstrait. Je me suis donc tourné vers la cryptologie, qui fait intervenir de l’algèbre plus simple et qui a des applications plus concrètes. J’ai effectué un master d’algèbre appliquée à la cryptologie à Versailles et j’ai réalisé mon stage de fin d’étude à l’Inria de Nancy, auprès de grands spécialistes du vote électronique comme Véronique Cortier et Pierrick Gaudry. C’est comme ça que je suis rentré dans le monde du vote électronique, et  j’ai même fait ma thèse dessus. C’est un sujet qui me passionne et qui trouve des applications dans la vie courante, c’est pour ça que je suis parti travailler chez Voxaly.



Quels souvenirs gardez-vous de vos années à JB ?

Je suis arrivé à JB en classe de seconde. Je me souviens avoir fait partie du BDE, nous avions des sweats estampillés « BDE » et nous avions réussi à proposer du café aux élèves. Je me suis fait de bons amis pendant ces trois années.


Que pensez-vous du réseau alumni récemment créé ?

C’est une bonne initiative, avoir de vrais retours d’expérience plutôt que d’échanger avec un conseiller d’orientation ce n’est pas quelque chose que l’on voit souvent dans un lycée. Mais en y réfléchissant il y a sûrement des lycéens qui ont des questions ou des interrogations et nous avons peut-être quelque chose à leur apporter. Moi-même, je me souviens que je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire, je n’avais pas beaucoup de monde autour de moi pour me guider. Il était difficile de se projeter dans tel ou tel métier, de savoir quelles formations faire et pour quelles perspectives. Les réseaux alumni dans les universités permettent avant tout de trouver un emploi ou un stage, mais pour un lycée cela peut être très utile pour l’orientation. 


Quels conseils pourriez-vous donner à nos élèves qui se présentent chaque année au concours de cryptographie Alkindi ?

Félicitations à eux pour leur deuxième place, c’est très sympa de participer à ce genre de concours, je ne le connaissais pas (il existe depuis 2015), mais sortir un peu des murs de son établissement, faire autre chose, voir qu’il y a différentes façons de penser, de réfléchir, et se frotter à la diversité et à l’adversité c’est forcément une bonne chose.

J’ai un peu d’expérience dans le passage de concours et il n’y a pas de mystères pour réussir : il faut travailler énormément, il faut bachoter. Même si vous avez un bon niveau à l’école il faut préparer le concours spécifiquement, regarder les sujets des années précédentes, voir quels exercices reviennent souvent, comprendre ce qui est attendu et se familiariser avec la façon de penser qui permet de répondre aux questions. Ça peut paraître bête mais c’est comme ça. 

Merci Quentin.

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